LES CARBURANTS
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8.15 Les moteurs « à combustion interne » (ainsi nommés par opposition
aux machines à vapeur équipées d'un foyer extérieur, auxquelles ils ont
succédé) utilisent l'énergie libérée par la combustion d'hydrocarbure Cette
combustion peut être provoquée, dans un mélange d'air et d'hydrocarbure gazeux
ou « vaporisé » en un très fin brouillard, soit p une flamme ou une étincelle,
soit par une simple élévation de la température. Il existe en effet, pour un tel mélange, une température « d'auto
inflammation », à laquelle la combustion s'amorce spontanément [5.6; question
5.B].
Cette température d'auto
inflammation est variable selon la masse moléculaire de l'hydrocarbure et elle
dépend aussi de sa structure, linéaire ou ramifiée; elle peut même être
différente pour deux isomères
C6H14 = l' Hexane 234 °C
C6H14 = 2-méthylpentane . 306 °C
C8H18
= l' Octane 220 °C
C8H18
= le 2,2,4-triméthylpentane. . 456 °C
Dans un moteur à « allumage commandé», la combustion est provoquée par
l'étincelle qui jaillit entre les électrodes de la bougie après compression du
mélange air/carburant. Mais cette
compression élève la, température du mélange gazeux et peut provoquer une auto
inflammation prématurée. On dit alors
que le moteur « cogne », ou « cliquète »; il ne donne pas sa puissance maximale
et s'use plus rapidement. Cet
inconvénient est d'autant plus à craindre que le taux de compression du moteur
(rapport du volume initial non comprimé au volume final comprimé) est plus
grand. Or le rendement des moteurs est
d'autant meilleur que ce taux est plus élevé (consommation moindre pour une
puissance donnée).
On recherche donc pour ces
moteurs des carburants aussi peu «détonants » (auto inflammables) que
possible. Les données ci-dessus
montrent qu'à cet égard les alcanes ramifiés se comportent mieux que les
alcanes linéaires; les hydrocarbures benzéniques ont aussi un très bon
comportement. Les isomérisations et les
cyclisations que subissent les alcanes à haute température [8.71 peuvent donc
améliorer la qualité d'un carburant; c'est le but du « reformage » appliqué à
certaines fractions obtenues par distillation du pétrole [25.3].
Le comportement à cet égard
d'un carburant est caractérisé par son
indice d'octane, qui est défini par comparaison avec deux étalons:
l'heptane (indice 0) et le 2,4,4-triméthylpentane, improprement appelé en ce
cas «iso-octane», (indice 100). Si un
carburant a le même pouvoir antidétonant (même taux de compression maximal
possible sans détonation) que celui d'un mélange heptane/iso octane contenant x
% en volume d'iso octane, son indice d'octane est x. Le supercarburant a
usuellement un. indice d'octane de 98.
Par extrapolation, on définit des indices supérieurs à 100 (benzène :
107).
On peut améliorer l'indice
d'octane d'un carburant par l'adjonction de tétraéthylplomb (CH3CH2)4Pb
c'indice d'octane de l'isooctane « plombé » peut atteindre 120). Mais ce plomb est rejeté dans l'atmosphère
avec les gaz d'échappement et, en raison de sa toxicité, constitue un grave
facteur de pollution (on estime que chaque année, dans le monde, plus de 200 000 tonnes de plomb
sont ainsi rejetées dans l'atmosphère).
La tendance est donc à l'utilisation de carburants sans plomb, pour
lesquels un indice d'octane élevé est obtenu par une forte proportion d'alcanes
ramifiés ou d'hydrocarbures benzéniques, ainsi que par l'addition d'éthanol CH3CH20H
(dans la limite de 5 % en France) et d'un éther-oxyde CH3-0-C(CH3)3
Dans les moteurs diesel, le carburant est injecté dans des
cylindres contenant de l'air porté, par compression, à une température de 500 °C
à 600 °C, où il s'enflamme spontanément.
Ce sont les alcanes linéaires de masse moléculaire moyenne (gasoil, ou
gazole) qui conviennent le mieux. On
définit alors un indice de cétane, par référence au comportement de mélanges d'hexadécane C16H34,
ou «cétane» (indice 100) et d'a-méthylnaphtalène [7.6]
(indice 0); le gazole commercial a normalement un indice de cétane égal à 50.
Les pots d'échappement catalytiques
Les gaz produits par un
moteur (gaz «d'échappement ») sont constitués de vapeur d'eau, de dioxyde et de
monoxyde de carbone CO, et CO, des oxydes d'azote NO et NO,, ainsi que
d'hydrocarbures non brûlés. Les pots d'échappement
« catalytiques » ont pour fonction de détruire, parmi ces composants, ceux qui
représentent les facteurs de pollution les plus dangereux : CO, NO et N02
et les hydrocarbures.
Ils contiennent des «lits »
catalytiques au contact desquels les gaz circulent, constitués par des métaux
tels que le platine, le palladium et le rhodium, déposés sur un support en
céramique. Au contact de ces métaux, par
le jeu de diverses réactions assez complexes, CO est oxydé en C02,
N02 et NO sont réduits en diazote N2,et les hydrocarbures
sont oxydés en C02 et H20. Les rejets ne contiennent donc, outre le diazote «rendu» à
l'atmosphère, que du dioxyde de carbone et de la vapeur d'eau (contrairement à
ce que l'on entend parfois dire, l'utilisation généralisée de ces pots
catalytiques n'apporterait donc pas un remède à l'augmentation du taux de C02
dans l'atmosphère).
Bien que des pots
catalytiques fonctionnent déjà, ces dispositifs font encore l'objet de
recherches et de mises au point. Il est
en effet très difficile d'obtenir que toutes les réactions souhaitées se
réalisent avec un rendement maximal, notamment en raison d'importantes
variations de température des gaz en fonction du régime du moteur (de 400 °C à
900 °C, et même parfois 1 100 °C).
Par ailleurs, les pots
catalytiques sont incompatibles avec l'utilisation de carburants «plombés»
(contenant du tétraéthylpomb), car le plomb inactive (« empoisonne ») les
catalyseurs. Leur usage généralisé ne peut
donc qu'aller de pair avec celui des carburants sans plomb.