Curriculum de la station

La directive européenne du 19 mars 1991 impose la collecte et le traitement de la globalité des eaux résiduaires urbaines dans des délais qui s’échelonnent entre fin 1998 et fin 2005. La station de Péruwelz devrait être opérationnelle en l’an 2000.

Pour les réseaux qui collectent à la fois les eaux résiduelles et pluviales, la directive prévoit de prendre en compte pour le dimensionnement des ouvrages la capacité pour ceux-ci d’accepter les pointes de débits et les charges véhiculées par temps de pluie, la station devant être capable de traiter dans une certaine limite ces augmentations de débits.

La situation géographique de la station impose des normes de rejet qui varient en fonction de la capacité d’auto-épuration du milieu récepteur.

Péruwelz se situe dans une zone " sensible ", zone de captage d’eau potable importante pour la région. Il est donc impératif de limiter au maximum les rejets en azote et en phosphore.

Afin de dimensionner la station, des hypothèses de départ doivent être mises en place de manière à déterminer les quantités qui doivent être traitées journellement. Il faut déterminer le nombre Equivalent - Habitant.

Pour la station, il est de 14 000 E.H. A titre exemplatif, un habitant permanent est comptabilisé 1 E.H., un écolier 1/10 E.H., un ouvrier en atelier ½ E.H., une place dans un restaurant occupée 15 fois par jour 5 E.H.

L’E.H. est l’unité de charge polluante d’un effluent par habitant et par jour dont les paramètres sont les suivants :

Débit journalier

DBO5

DCO

Azote total

Phosphore total

MES totale

MES décantables

demande biologique en oxygène

demande chimique en oxygène

 

matières en suspension

150 l/E.H. / J

60 g/E.H

135 g/E.H

9,9 g/E.H

3,5 g/E.H

90 g/E.H

60 g/E.H


Ces hypothèses basées sur l’expérience permettent de déterminer les charges à traiter par la station et par jour  :

Débit journalier

DBO5

DCO

Azote total

Phosphore total

MES totale

MES décantables

2 100 m³/J

840 kg/J

1 890 kg/J

138,6 kg/J

49 kg/J

1 260 kg/J

840 kg/J

400 mg/l

900 mg/l

66 mg/l

23 mg/l

600 mg/l

400 mg/l

Le volume d’eau à traiter par jour se répartira en moyenne sur 18 heures ou Q 18 (la nuit, les rejets sont naturellement moins importants). La station doit être capable de traiter 3 fois ce volume (ce qui peut arriver en pointe de débit ou lors de pluies lavant dans un premier temps les conduites). En cas d’orage, elle doit pouvoir stocker ou assurer les prétraitements pour des volumes 3 fois supérieurs au débit normal.

Ainsi le débit journalier étant de 2 100 m³/ J, on en déduit :

Débit moyen horaire Q24

Débit moyen horaire Q18

Débit biologique admis 3 Q18

Débit d’orage admis 3 Q18

Débit total admissible par la station

87,5 m³/h

116,5 m³/h

350 m³/h

350 m³/h

700 m³/h

24 l/s

32 l/s

97 l/s

97 l/s

194 l/s

Les ouvrages sont donc dimensionnés en fonction de ces hypothèses mais également en tenant compte des conditions de rejet imposées par le législateur et arrêtées par le gouvernement wallon en date du 08 12 94.

La station doit garantir des rejets en milieu naturel dont les valeurs ne peuvent excéder en zone " sensible " :

DBO5

DCO

Azote total

Phosphore total

M.E.S. totale

M.E.S. décantables

25 mg/l

125 mg/l

15 mg/l

2 mg/l

35 mg/l

0,5 mg/l

Taux d’abattement

93%

86%

77%

92%

94%

99%

La vérification de ces paramètres de rejet s’effectue par des analyses journalières d’échantillons. Les niveaux demandés sont à respecter 95 % du temps.

La station de Péruwelz en zone sensible mérite une explication.

L’eau, on le sait est le véhicule de transport et de dissémination idéal des agents polluants contribuant à la dégradation de la qualité de l’eau naturelle. Ces sources de pollution de nos réserves sont connues.

l'eau souterraine En effet, l’eau de surface traverse d’abord la zone non saturée où s’effectue une autoépuration naturelle par absorption et biodégradation, épuration d’autant plus efficace que le temps de séjour y est important. Ce temps dépend de la profondeur de la nappe aquifère et de ses fluctuations, de la nature du sol, de sa structure, de l’existence de passages préférentiels d’écoulement.

En Région Wallonne, on peut distinguer quatre grandes catégories d’aquifères, Péruwelz se trouve sur une nappe calcaire carbonifère, siège de phénomènes karstiques (puits), où les circulations d’eau peuvent atteindre de très grandes vitesses et où la filtration naturelle est quasi nulle. Ce type de nappe est la plus vulnérable. Une pollution au centre d’une doline par exemple (petite vallée) peut s’étendre à plusieurs kilomètres en quelques heures et est irrécupérable. En effet, au niveau de la nappe, l’épuration est quasi nulle, seule la dilution agit.

Les nappes de pores dans les graviers (Meuse) présentent des vitesses de circulation des eaux assez élevées et une pollution qui peut atteindre un rayon de l’ordre du kilomètre ; les sables (Brabant wallon) sont le siège de phénomènes de circulation d’eau très lents, la pollution y serait limitée à une centaine de mètres. Les nappes de fissures (craies du crétacé de la Haine) sont le siège de circulation d’eau rapide mais de faible débit, la pollution pourrait y atteindre un rayon de l’ordre du kilomètre mais pourrait être isolée par pompage.

En résumé, la récupération d’une pollution est impossible en nappe de karst, il est impérieux d’agir en priorité sur la prévention de la pollution des eaux souterraines.